La piroplasmose canine : une maladie transmise par les tiques et dont la prévalence augmente
En France, plus de 150 000 cas de piroplasmose canine sont recensés chaque année mais beaucoup plus de chiens sont sans doute affectés : de nombreux cas ne sont pas diagnostiqués quand la maladie n’évolue pas sur un mode aigu. Le risque est particulièrement important du printemps à l’automne bien que le risque d’infestation des chiens par les tiques existe toute l’année dans les régions au climat doux.
Une maladie potentiellement mortelle
En général, les symptômes apparaissent quelques jours après la fixation de la tique. La piroplasmose (ou babésiose) se développe souvent sur un mode aigu mais le tableau clinique varie considérablement selon les chiens.
Les symptômes classiques de piroplasmose aiguë
Lorsque la piroplasmose entraîne une destruction importante des globules rouges dès le début, les symptômes passent rarement inaperçus. Le chien devient léthargique, il ne mange plus, sa température est supérieure à 39°C et ses urines deviennent plus foncées. En observant ses gencives ou l’intérieur de ses paupières, vous remarquerez que les muqueuses sont pâles. Dans les cas les plus graves, l’anémie brutale entraîne des difficultés respiratoires chez le chien.
Sans traitement rapide, le chien peut décéder suite au choc provoqué par la destruction des globules rouges. Même s’il survit, les séquelles seront souvent irréversibles.
Formes compliquées de piroplasmose
En plus de la destruction des globules rouges, des phénomènes immunitaires et inflammatoires peuvent aggraver la situation. Les principales complications d’une babésiose aiguë sont une insuffisance rénale aiguë ou un choc septique, tous deux potentiellement mortels. Le chien peut aussi souffrir d’insuffisance hépatique : il vomit et ses muqueuses deviennent jaunes, c’est l’ictère.
Le risque de mortalité est particulièrement important chez les chiens qui contractent une piroplasmose alors qu’ils vivent dans des régions où la piroplasmose est peu présente et qu’ils n’ont donc pas développé d’immunité partielle. Lorsque vous partez avec votre chien en vacances, protégez-le toujours contre les tiques !
Ne passez pas à côté d’une piroplasmose chronique
Des formes chroniques de babésiose existent aussi. Si vous avez remarqué des tiques sur votre chien et que son état général laisse à désirer, n’hésitez à montrer votre chien à votre vétérinaire. S’il suspecte une piroplasmose, il pourra réaliser des examens complémentaires pour mettre en évidence la présence du parasite.
Même si elle évolue à bas bruit, la piroplasmose peut fortement affecter la santé du chien et avoir des conséquences néfastes à long terme sur le fonctionnement des reins et du foie.
La piroplasmose est présente partout
Un chien peut contracter une babésiose partout en France même si le risque varie en fonction de la présence des tiques dans les territoires. Le sud-ouest de la France est considéré comme « particulièrement à risque » : l’Ariège et le Gers figurent parmi les départements où l’on constate le plus de cas annuels de babésiose. Au sein d’un même département, la répartition des foyers de contamination reste cependant très hétérogène, en fonction de la végétation et de la densité des animaux vecteurs de tiques.
Traitement de la piroplasmose
Le traitement est relativement efficace s’il est administré tôt. Il consiste à faire une ou plusieurs injections au chien d’un produit qui détruit les piroplasmes. En fonction de la gravité de la piroplasmose, des traitements complémentaires peuvent être nécessaires : perfusion, transfusion, anti-inflammatoires, antibiotiques…
Le chien doit être très bien surveillé après le traitement car il existe toujours un risque de rechute une dizaine de jours après. Le traitement doit alors être renouvelé.
Prévention de la piroplasmose
Pour protéger efficacement un chien de la piroplasmose, il est indispensable de mettre en place un plan de prévention. Celui-ci repose sur la lutte contre les tiques et la vaccination.
Enlevez les tiques
Une tique ne transmet pas de piroplasmes au chien dès sa fixation : il faut qu’elle soit en place depuis au moins 48 heures. Si on enlève la tique dans les heures qui suivent sa fixation, le risque de contamination est donc limité.
Prenez toujours garde à la présence éventuelle de tiques dans le pelage de votre chien et le cas échéant, utilisez un crochet « tire-tique » pour l’extraire sans la casser.
Eloignez les tiques
L’administration au chien d’un produit répulsif contre les tiques est fortement conseillé pendant la période à risque (lien avec l’article sur les tiques). Ces produits antitiques contiennent souvent de la perméthrine (ou un dérivé de celle-ci). Lorsque les tiques viennent au contact de la molécule qui a diffusé dans le pelage, elles tombent du chien ; on appelle cela l’effet « plaque chauffante » ! Le parasite s’éloigne alors de la peau du chien sans mordre, ce qui réduit le risque de transmission de la piroplasmose.
Vaccinez éventuellement votre chien
Il existe un vaccin contre la piroplasmose. Il est à réserver aux chiens dont le mode de vie les expose à une pression parasitaire importante. La vaccination n’empêche pas la contamination par la babésiose mais elle réduit la gravité des symptômes. Il est préférable de vacciner les chiens en dehors des périodes à risque, soit de préférence de décembre à mars.
Plus de cas de piroplasmose dans l’avenir ?
En Europe, on observe une augmentation des populations de tiques d’année en année. Cela s’explique essentiellement par les modifications climatiques et par la multiplication des déplacements. Quand des tiques sont importées accidentellement dans de nouvelles régions, elles arrivent à s’implanter grâce aux hivers plus tempérés. Des tiques réputées « méridionales » sont aujourd’hui retrouvées dans le nord de l’Europe.
Par ailleurs, la période d’activité des tiques s’allongent : elles se nourrissent plus tôt et plus longtemps, ce qui accroît leur capacité à transmettre la piroplasmose. La France est particulièrement concernée car elle se situe au carrefour de plusieurs zones climatiques et différentes espèces de tiques peuvent coexister.
L’extension des aires de répartition des tiques vectrices et l’allongement de leur période d’activité pourraient conduire à une multiplication des cas de babésiose canine dans les années à venir. Il est très important de mettre en place un bon programme de prévention contre les tiques. Parlez-en à votre vétérinaire.
FAQ
En France, deux espèces de tiques sont majoritairement à l’origine de la piroplasmose canine.
- Dermacentor reticulatus : cette tique suburbaine, fréquemment visible dans les jardins, est présente partout sauf autour de la Méditerranée et dans les Pyrénées.
- Rhipicephalus sanguineus vit surtout dans les zones sèches du Sud de la France.
Une autre tique pourrait à l’avenir jouer un rôle dans la transmission de la piroplasmose : Hyalomma marginatus. Cette tique s’installe actuellement dans les régions méditerranéennes et les chevaux jouent un rôle important dans son nourrissage.
La vaccination peut avoir lieu à partir de l’âge de 5 mois. Elle est réalisée en 2 injections effectuées à 3-4 semaines d’intervalle. La protection immunitaire s’installe environ 3 semaines après la première injection. Selon les risques auxquels le chien est exposé, un rappel sera effectué 1 à 2 fois par an.
Les chiens se promenant dans les milieux naturels constituent la population la plus à risque : les jeunes chiens vivant en milieu rural, en particulier les chiens de chasse, sont particulièrement visés par la piroplasmose. N’importe quel chien se promenant dans un jardin public peut cependant être contaminé.
Les tiques peuvent effectivement être porteuses d’autres maladies dangereuses pour le chien. La liste des agents pathogènes transmissibles est longue et ceux-ci ne sont pas toujours très connus. En France, en plus de la piroplasmose, deux autres maladies sont surtout à craindre pour les chiens : la maladie de Lyme (ou borréliose) et l’ehrlichiose.
Pour en savoir plus…
- ESCCAP, la babésiose canine
L’ESCCAP (European Scientific Counsel Companion Animal Parasites) est une association européenne composée d’experts en parasitologie vétérinaire. Elle émet des recommandations pour le traitement et la prévention des parasitoses des animaux de compagnie. Ses recommandations sont traduites et adaptées par l’ESCCAP France, qui les met à la disposition des vétérinaires mais aussi des propriétaires d’animaux et des personnes impliquées dans la santé.
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