Mon chat bave : est-il malade ?
Pour un chat, baver peut être très anodin ou au contraire le signe que quelque chose ne va pas. Pour comprendre la raison de l’hypersalivation, il faut connaître les circonstances dans lesquelles cela se produit.
Si votre chat bave, c’est que sa sécrétion de salive devient excessive. En médecine, l’hypersalivation a un nom : c’est le ptyalisme. De multiples causes peuvent expliquer ce symptôme, et ce n’est pas forcément pathologique !
Hypersalivation émotionnelle
L’hypersalivation fait partie des réactions physiologiques qu’un chat peut présenter quand il ressent une émotion forte : la peur, le stress mais aussi le plaisir peuvent le faire baver !
« Mon chat bave quand il n’est pas content »
Quand un chat est furieux et/ou effrayé, il adopte une position défensive caractéristique : le corps ramassé prêt à bondir, les oreilles plaquées sur la tête, les pupilles dilatées le poil hérissé… L’émotion que le chat ressent stimule son système neurovégétatif et le stress peut provoquer des manifestations diverses : salivation, mais aussi tremblements, miction voire défécation… Tout cela cesse lorsque le chat se calme.
« Mon chat bave en voiture »
Les chats n’aiment généralement pas voyager et sont très sujets au mal des transports. Les mouvements de la voiture, le stress, et parfois la chaleur les perturbent et l’hypersalivation fait partie des signes qu’il peut manifester quand il se sent mal à l’aise dans un véhicule. Baver peut être le seul symptôme du mal des transports mais souvent le chat exprime aussi son malaise en miaulant et/ou en étant très agité.
« Mon chat bave devant de l’herbe »
La cataire, ou « herbe à chat », contient plusieurs principes actifs (dont la népétalactone) qui modifient le comportement des chats. Tous ne sont pas aussi réceptifs mais il est fréquent qu’un chat se mette à baver lorsqu’il a l’occasion de renifler, de lécher ou de se frotter contre cette plante. Le contact avec l’herbe à chat peut aussi inciter le chat à se rouler par terre, à se frotter les joues, secouer la tête… Cette excitation n’est absolument pas nocive pour le chat, bien au contraire !
Hypersalivation liée à des lésions buccales et/ou dentaires
Suivant que la salivation apparaît brutalement ou progressivement, les causes sont différentes.
Mon chat s’est mis brutalement à baver
Si votre chat se met à baver soudainement après avoir joué avec un objet ou être sorti explorer le jardin, un corps étranger s’est peut-être fiché dans ses gencives ou dans sa gorge ? Les chatons ont tendance à jouer avec tout ce qu’il trouvent et un accident est vite arrivé avec eux ! Essayez de lui ouvrir doucement la bouche pour inspecter l’intérieur de la cavité buccale. Faites vous aider pour la contention si votre chat ne se laisse pas faire.
A la belle saison, les chats peuvent aussi entrer en contact avec des chenilles processionnaires, dont les poils urticants peuvent se planter dans la peau ou les muqueuses. Lorsque le poil se casse, le venin libéré provoque des lésions semblables à des brûlures. Chez les chats, c’est la face qui est le plus souvent touchée. Si vous voyez votre chat se frotter le museau compulsivement en bavant, pleurer, si la langue gonfle ou qu’il a du mal à déglutir et à respirer, précipitez vous chez le vétérinaire.
Mon chat a du mal à manger et bave
Les chats âgés sont souvent victimes d’inflammations buccodentaires qui les font souffrir. Si votre chat bave et qu’il a l’air d’avoir du mal à manger, inspectez sa bouche. Vous remarquerez peut-être que ses gencives sont enflammées et qu’une pellicule de tartre jaunâtre s’étend sur certaines de ses dents. Les chats atteints de maladie buccodentaires présentent souvent une mauvaise haleine, et perdent du poids. Ne laissez pas souffrir votre chat et son état s’aggraver : il a besoin de soins dentaires spécifiques pour le soulager.
Parmi les agents pathogènes responsables du coryza félin, il y a un calicivirus. Lorsque l’infection est liée à ce virus, le chat présente très fréquemment des ulcérations buccales, une gingivite, une stomatite et ces lésions le font baver.
L’insuffisance rénale chronique, lorsqu’elle atteint un stade avancé chez le chat, provoque une hausse du taux d’urée dans le sang et cette urémie peut être responsable de l’apparition d’ulcères dans la bouche. Là encore, ces ulcères sont une cause d’hypersalivation.
Hypersalivation liée à l’ingestion d’un toxique
Le ptyalisme est un quelle que soit son origine.
Si votre chat bave et que vous pensez qu’il a pu manger quelque chose de toxique, tâchez de savoir quoi. S’il s’agit d’un produit ménager, d’un produit phytosanitaire ou d’un médicament, essayez de récupérer l’emballage pour connaître la composition et demander l’avis de votre vétérinaire.
Rappelons que chez le chat, la plupart des cas d’intoxication sont liés à l’administration erronée de produits antiparasitaires. La perméthrine est par exemple un insecticide couramment commercialisé pour le chien afin de lutter contre les puces, mais cet analogue synthétique de la pyréthrines végétale est toxique chez le chat, qui ne possède pas les enzymes nécessaires à son élimination normale.
Autres causes pathologiques de l’hypersalivation
Troubles nerveux
L’épilepsie est plus rare chez le chat que chez le chien mais elle existe. Quelques minutes à quelques secondes avant une crise aiguë, le chat peut se mettre à trembler et saliver. Il continue généralement à baver pendant la crise.
Toutes les causes d’encéphalomyélite infectieuse peuvent provoquer une hypersalivation. C’est par exemple le cas de la maladie d’Aujeszky, une maladie virale du porc, que le chat peut contracter en ingérant des viscères de porc ou de sanglier contaminés par le virus. En France, cette maladie est cependant peu fréquente.
Troubles hépatiques
Les symptômes d’un problème hépatique sont souvent frustes et non spécifiques, surtout lorsque la maladie du foie évolue lentement. Le ptyalisme peut cependant représenter un signe d’alerte. Parmi les maladies hépatiques félines les plus fréquentes, il y a la lipidose hépatique. Lorsqu’un chat trop gros arrête brutalement de manger, son organisme mobilise les graisses stockées dans le tissu adipeux, provoquant une arrivée massive d’acide gras dans le foie. Un jeûne de quelques jours suffit à déclencher le processus. Si le chat continue sa grève de la faim, il devient apathique, il maigrit, des troubles digestifs apparaissent et il aussi peut se mettre à baver. Ne laissez jamais sans soins un chat qui ne mange plus, même s’il est trop gros.
Carences nutritionnelles
Le besoin en vitamine B1 (ou thiamine) est élevé chez le chat et une carence se traduit par divers troubles nerveux, souvent accompagnés de ptyalisme. La carence en thiamine survient chez des chats nourris avec un régime ménager trop riches en glucides et pauvre en protéines, ou alors avec du poisson cru dont la chair contient des enzymes qui détruisent la thiamine.
L’hypersalivation seule est un symptôme qui ne peut pas être interprété sans être replacé dans le contexte de la santé générale du chat et son environnement. Si ce comportement vous inquiète, questionnez votre vétérinaire.
FAQ
Faites le bilan des circonstances dans lesquelles votre chat bave : est-ce la première fois ou est-ce un symptôme fréquent chez lui ? Avez-vous remarqué si cette hypersalivation fait suite à un événement précis : trajet en voiture, administration d’un médicament, ingestion de quelque chose d’inhabituel ? Le chat présente t-il d’autres symptômes : perte d’appétit, faiblesse, vomissements, troubles nerveux, etc. ? Si les symptômes ou le comportement général de votre chat vous font penser qu’il est malade, emmenez-le rapidement chez le vétérinaire.
Le mal des transports peut disparaître si le chat s’habitue à voyager en voiture. Sinon, il existe des médicaments à donner préventivement pour calmer votre chat et rendre les voyages plus confortables pour lui (et pour vous). Consultez votre vétérinaire.
Certains chats se mettent à baver après avoir reçu un médicament dont ils n’apprécient pas le goût. (C’est par exemple le cas avec le métronidazole, un médicament parfois prescrit pour le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin). Pour éviter ce ptyalisme réactionnel, demandez à votre vétérinaire de vous montrer comment bien administrer un comprimé : il doit être déposé au fond de la gorge pour qu’il soit rapidement avalé.
D’autres plantes peuvent avoir un effet similaire : c’est par exemple le cas de la valériane, du chèvrefeuille de Tartarie et du matabi japonais, une sorte de kiwi. Elles contiennent des principes actifs qui agissent de la même façon que la cataire (Nepeta cataria).
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