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Les chats, les femmes enceintes et la toxoplasmose

#Chat#Santé 28/03/2022

Le rôle du chat dans la transmission de la toxoplasmose ne doit pas être diabolisé. Cette maladie a plus souvent une origine alimentaire.

La toxoplasmose est une maladie due à un parasite unicellulaire, Toxoplasma gondii. Il peut infester la presque totalité des animaux à sang chaud.

La toxoplasmose féline

Un chaton peut être infecté par sa mère si elle est elle-même contaminée au cours de la gestation mais le plus souvent, un chat « attrape » la toxoplasmose en consommant des proies (habituellement des rongeurs), des abats ou de la viande crue contenant des toxoplasmes.

Les toxoplasmes nuisent au système nerveux

Chez les rongeurs, le parasite entraîne une altération des neurones impliqués dans la mémorisation et l’apprentissage. Lorsqu’ils sont infectés par la toxoplasmose, les rongeurs se méfient moins que les autres de l’odeur de l’urine du chat et ils deviennent plus vulnérables à leur prédateur !

Chez l’homme, des études récentes suspectent aussi un lien entre la contamination par T. gondii et des affections psychiatriques telles que la schizophrénie.

Une maladie généralement invisible

Chez un chat adulte, la toxoplasmose passe en général inaperçue, sauf chez certains chats dont le système immunitaire est défaillant, comme ceux qui sont contaminés par le virus de la leucose féline (FeLV) ou le virus FIV. Les chats recevant des médicaments immunosuppresseurs sont aussi susceptibles de développer des signes cliniques.

Après avoir éclos dans l’intestin grêle, les parasites se multiplient et se disséminent dans de nombreux organes du chat, mais les plus affectés sont les muscles, le système nerveux et les poumons. Les symptômes de la toxoplasmose sont donc extrêmement variés : fièvre, diarrhée, ictère, perte de poids, difficultés respiratoires, inflammations oculaires, douleurs musculaires… De rares cas de toxoplasmose féline se traduisent par une méningite, accompagnée de troubles neurologiques : faiblesse généralisée et incapacité progressive à se déplacer.

Quelques jours à quelques semaines après sa contamination, la reproduction du parasite a lieu dans l’intestin. Les « œufs » (ou oocyste), qui mesurent environ 10 x 12 µm, sont éliminés dans les selles. En quelques jours, ces oocystes deviennent infestants pour d’autres espèces (dont l’homme) si les conditions sont favorables ; c’est le phénomène dit de « sporulation ». Si les oocystes sont à l’abri de la lumière, du froid et du desséchement, ils gardent leur pouvoir infestant jusqu’à 18 mois dans le milieu extérieur.

La période d’excrétion d’oocystes dure au maximum 3 semaines et ensuite le chat est immunisé contre la maladie : il ne représente plus de danger pour une femme enceinte. Même les chats infectés par les virus FeLV ou FIV n’excrètent plus d’oocystes après la période d’infection initiale.

De moins en moins de chats « à risque »

Le chat ne présente un danger pendant la grossesse que si la femme absorbe accidentellement des œufs de toxoplasmes émis dans les selles du chat. Griffures et morsures de chats ne transmettent pas la toxoplasmose, même chez un chat en phase active de la maladie.

Un chat qui ne sort pas et qui ne mange que des aliments industriels (ou des aliments cuits) est protégé du risque de toxoplasmose. Comme les chats de compagnie mangent de moins en moins de viande fraîche, la prévalence de la toxoplasmose a fortement diminué au sein de la population féline.

La toxoplasmose chez l’homme

Chez l’homme, la toxoplasmose ne déclenche en principe pas de symptômes particuliers. Comme chez le chat, le parasite peut se multiplier pratiquement dans tous les tissus de l’organisme ou s’enkyster dans les muscles, les viscères ou le système nerveux. Un tiers à la moitié de la population mondiale serait porteuse de ces kystes, qui peuvent persister pendant toute la vie de l’individu. Une réactivation peut éventuellement se produire à la faveur d’une période d’immunosuppression.

Cas particulier de la femme enceinte

Le danger n’existe que pour une femme enceinte contaminée pendant sa grossesse : les parasites atteignent alors le placenta et le fœtus, et peuvent provoquer un avortement ou des atteintes oculaires, cérébrales et pulmonaires. En fin de grossesse, la réceptivité au parasite se réduit mais le risque de malformations graves du fœtus reste élevé.

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Une majorité de femmes séronégatives

La toxoplasmose n’est dangereuse que chez une femme enceinte séronégative, c’est à dire qui n’a jamais été en contact avec le parasite et qui n’a pas développé d’anticorps pour se protéger. Cela concerne environ 70 % des femmes enceintes en France et cette population de femmes à risque ne cesse d’augmenter.

Cette baisse de l’immunisation contre la toxoplasmose est liée à l’évolution de nos modes de vie et d’alimentation. Les principaux modes de contamination humaine sont en effet la consommation de viande parasitée ou de fruits ou légumes issus d’une terre contaminée par des déjections animales contenant des oocystes. Beaucoup moins fréquemment, la contamination humaine a lieu via de l’eau de boisson ou l’absorption de lait de chèvre cru.

La « responsabilité » du chat dans la contamination par la toxoplasmose est une éventualité plus rare.

Les femmes enceintes et les chats : précautions à prendre

La proximité d’un chat dans l’environnement d’une femme enceinte ne pose pas de problème particulier car le chat ne représente pas le risque le plus important de transmettre la toxoplasmose. Une femme enceinte séronégative doit cependant respecter quelques précautions d’hygiène élémentaires pendant sa grossesse.

Entretien de la litière

Si quelqu’un d’autre peut s’occuper de l’entretien de la litière du chat, une femme enceinte sera dispensée de cette tâche ! Il faut en effet surtout qu’elle évite d’entrer en contact avec les matières fécales du chat en manipulant la litière. Sinon, le port de gants en caoutchouc (ou à usage unique) s’impose pendant le nettoyage (avec de l’eau à plus de 70 °C) et le changement de litière et on se lavera quand même les mains ensuite.

Il faut 24 heures pour que les œufs de toxoplasmes éventuellement éliminés par le chat deviennent aptes à transmettre la maladie. Si le bac à litière est nettoyé tous les jours les selles, le risque devient très faible car la sporulation n’a pas le temps de se produire. Jetez la litière dans un sac poubelle bien fermé.

Lieux interdits au chat

C’est une mesure d’hygiène valable en permanence, pas seulement pendant la grossesse, mais un chat ne doit pas sauter sur les plans de travail de la cuisine, ni sur les tables où la famille prend ses repas ! Le chat ne doit pas non plus venir boire dans l’évier.

S’il faut nourrir le chat en hauteur pour éviter qu’un autre animal ne mange ses croquettes, choisissez un endroit à l’écart de l’endroit où sont préparés les repas.

Contacts avec le chat

Le contact avec le pelage du chat ne présente en principe pas de risque mais, pour une femme enceinte, il est plus prudent de se laver les mains après avoir caressé ou manipulé le chat, au cas où il serait en période d’excrétion et que des œufs de toxoplasmes puissent rester accrochés à son pelage. Cette précaution ne concerne que les chats qui sortent et qui sont donc susceptibles d’être contaminés par la toxoplasmose.

Autres précautions importantes pour les femmes enceintes

Plus que le chat, l’alimentation et le jardinage représentent les sources les plus importantes de contamination par la toxoplasmose des femmes au cours de la grossesse.

À la cuisine

Quelques gestes simples éloignent le risque de toxoplasmose lors de la préparation des repas.

  • Laver les fruits et légumes car ils peuvent être à l’origine de la contamination quand ils portent des particules de terre ayant été souillées par des déjections de chats.
  • Bien cuire la viande: si une viande est contaminée par des toxoplasmes, les kystes sont détruits en 10 minutes à 70°C. Les viandes les plus à risque sont les viandes de mouton et de porc, plus rarement celle de ces animaux contractent la maladie en ingérant des végétaux ou de l’eau contaminée par des matières fécales de chats domestiques ou sauvages contenant des oocystes. Les formes infestantes de la toxoplasmose subsistent dans des kystes qui se développent dans les muscles.
  • La congélation à -12°C pendant au moins 3 jours réduit le risque de contamination.
  • Éviter l’absorption de lait de chèvre cru, qui est aussi parfois à l’origine de contamination.
  • Se laver les mains après avoir manipulé de la viande crue et bien nettoyer les ustensiles de cuisine et les plans de travail entre deux usages (savonnage, rinçage à l’eau chaude).

Au jardin

Lorsqu’elle jardine ou manipule la terre dans un endroit fréquenté par des chats, une femme doit porter des gants en caoutchouc pendant sa grossesse. Il faut bien sûr se laver soigneusement les mains après avoir touché la terre, le sable ou manipulé des objets restés par terre à l’extérieur.

Couvrez les bacs à sable des enfants quand ils ne sont pas utilisés pour éviter qu’ils ne soient fréquentés par les chats. Une étude américaine a estimé que les bacs à sable en milieu urbain contiennent entre 1 et 10 millions d’oocystes par m2 !

Le chat n’est pas le principal responsable de la toxoplasmose chez la femme enceinte, loin de là. Il représente une menace mineure mais réelle, que le respect des conseils donnés plus haut permet de réduire. Vouloir se débarrasser de son chat pendant la grossesse est donc parfaitement inutile. De même, une femme n’a pas besoin d’éliminer tout contact avec son chat pendant sa grossesse !

Le chien présente-t-il un risque pour une femme enceinte ?

Seuls les chats et les autres félidés sont les hôtes naturels de la toxoplasmose. Les autres espèces ne font office que d’hôtes « intermédiaires ». Les toxoplasmes ne se reproduisent donc pas chez le chien, même si celui-ci peut être un vecteur passif d’oocystes ingérés accidentellement car ils résistent au passage dans le tube digestif !

Peut-on savoir si un chat est immunisé contre la toxoplasmose ?

Un chat qui possède des anticorps contre la toxoplasmose n’est plus excréteur d’oocystes. Il est donc éventuellement possible de vérifier leur présence dans le sang du chat. En pratique, ces dosages sont surtout effectués dans le cadre d’enquêtes relatives à la santé publique. Les analyses sérologiques au niveau mondial montrent que 30 à 40 % des chats sont porteurs d’anticorps, avec de fortes disparités selon les pays.

Peut-on vacciner les chats contre la toxoplasmose ?

La vaccination des chats permettrait de réduire l’impact de la toxoplasmose en santé publique mais pour l’instant, aucun vaccin n’est commercialisé. Plusieurs études sont pourtant en cours pour développer cette stratégie de prévention.