Un chat peut éternuer pour de nombreuses raisons
L’éternuement est un acte réflexe : il fait suite à l’irritation des terminaisons nerveuses qui tapissent la muqueuse du nez. Expulser violemment de l’air en éternuant permet d’évacuer les substances ou objets qui peuvent être présents dans le nez et gêner la respiration.
Lorsqu’un chat éternue, il émet souvent des bruits très bizarres, assez éloignés de ce que nous produisons quand nous éternuons.
Replacer les éternuements dans leur contexte
Un chat peut ressentir des chatouillements dans les narines à cause d’une irritation passagère et se mettre à éternuer : rien de grave ! Il ne faut s’inquiéter que si les éternuements sont très fréquents et/ou que le chat présente d’autres signes inhabituels, surtout s’il s’agit d’un chaton ou d’un chat âgé. Le mode de vie et l’âge du chat sont des éléments importants à prendre en compte pour identifier la cause la plus probable des éternuments.
Cas des chatons récemment adoptés
S’il s’agit d’un jeune chaton récemment adopté dans un refuge, il y a de fortes chances que les éternuements soient liés à une cause infectieuse, surtout si le chaton n’est pas encore bien vacciné. Plus de 20 % des chatons admis dans les refuges éternuent lors de leur admission en refuge, le plus souvent à cause d’une maladie virale très fréquente chez les chats, le coryza.
Quand un chat atteint de coryza éternue, il peut projeter des particules virales jusqu’à plus d’un mètre ! Le coryza est donc une maladie très contagieuse. Si vous adoptez un chaton et qu’il se met à beaucoup éternuer dans les jours suivant son arrivée chez vous, consultez rapidement votre vétérinaire. Le stress de la séparation déclenche souvent l’apparition des premiers signes de coryza.
Cas des chats âgés
Si vous avez un chat âgé et qu’il éternue très souvent depuis quelque temps, une maladie chronique peut être suspectée. En fonction des autres signes présentés, le vétérinaire vous proposera d’effectuer des examens approfondis pour trouver la cause exacte.
Prendre en compte l’environnement du chat
Un chat qui sort et qui entre en contact avec d’autres chats présente plus de risques de contracter une maladie respiratoire infectieuse qu’un chat qui vit seul en appartement. Lorsque le chat a accès à des endroits végétalisés, il arrive aussi qu’un corps étranger pénètre dans ses narines et soit la cause de l’irritation.
Les chats d’intérieur sont eux parfois exposés à la pollution de leur environnement, surtout si les propriétaires fument ou laissent la poussière s’accumuler dans la maison, ce qui favorise le développement d’inflammations respiratoires chroniques voire d’allergies. Lorsqu’on a un chat chez soi, il faut faire attention à ne pas l’exposer à des produits volatils irritants issus des nettoyants ménagers, des produits phytosanitaires vaporisés sur les plantes, etc.
Repérer d’autres signes anormaux
Les éternuements constituent un motif fréquent de consultation vétérinaire. Si vous amenez votre chat à la clinique pour cette raison, n’oubliez pas de signaler ce que vous avez observé d’anormal récemment, en dehors des éternuments.
Comportement anormal ?
Votre chat se frotte-t-il le nez ou a-t-il tendance à déglutir en dehors des repas ? Ces signes de gêne locale peuvent évoquer la présence d’un corps étranger.
Votre chat semble-t-il moins dynamique que d’habitude ? Son appétit s’est-il modifié ? Les infections virales s’accompagnent notamment de fièvre intense et d’une perte d’appétit.
Autres signes respiratoires ?
« Le nez qui coule » est un signe très fréquemment associé aux éternuements. Dans le cas d’un animal, on parle de « jetage ». Le cas échéant, il faudra savoir si cet écoulement nasal est uni- ou bilatéral et quelle est sa nature : suivant la couleur des sécrétions nasales, les hypothèses diagnostiques peuvent être différentes.
Un chat victime d’une affection respiratoire peut aussi présenter une respiration bruyante, de la toux, des écoulements oculaires…
Lésions sur la face ?
Le vétérinaire recherchera aussi la présence de protubérances anormales au niveau du nez, en regard des dents ou au niveau des ganglions lymphatiques. Elles peuvent être consécutives au développement d’une infection dentaire ou d’une tumeur.
Causes fréquentes d’éternuements aigus
Corps étrangers, traumatismes et infection par le coryza félin sont les principales causes pouvant expliquer l’apparition brutale de crises d’éternuments chez les chats.
Corps étrangers
À la belle saison, les chats qui se promènent dans les herbes hautes peuvent accidentellement inhaler des épillets, ces petits structures végétales disséminées par les graminées. Comme les épillets portent des barbules qui leurs permettent de s’accrocher, ils peuvent pénétrer profondément dans les cavités naturelles, comme par exemple, les narines. Le chat manifeste alors sa gêne très visiblement (souvent, il éternue et il vomit). S’il n’arrive pas à expulser l’épillet du lui-même en éternuant, le vétérinaire pourra procéder à un rinçage des cavités nasales.
Exceptionnellement, il arrive que les boules de poils qui se forment dans l’estomac des chats (suite au léchage, en particulier en période de mue) soient expulsées dans les voies respiratoires supérieures au lieu d’être régurgitées par la bouche. La boule de poils passe alors dans le nasopharynx, entraînant des éternuements violents et du jetage.
Traumatismes
Des éternuements sont parfois déclenchés par des traumatismes des cornets nasaux, à cause des saignements survenant dans les cavités nasales. Si le nez du chat est bouché par du sang séché, les éternuements à répétition risquent d’entrainer une hémorragie importante. Si vous pensez que votre chat a pu être victime d’un accident sur la voie publique, une consultation vétérinaire urgente s’impose.
Coryza félin
La cause la plus classique d’éternuements aigus à répétition chez les chats est une infection virale des voies respiratoires supérieures, le coryza félin. Deux virus sont responsables de plus de 80 % des cas de coryza, l’herpès virus félin (FHV-1) et le calicivirus félin, mais c’est l’herpès virus qui est le plus souvent associé aux éternuements.
Autres signes cliniques du coryza
De nombreux autres signes cliniques apparaissent lors de coryza : écoulements nasaux et oculaires, conjonctivite, toux, difficultés respiratoires, fièvre, perte d’appétit, léthargie, etc. Si la maladie n’est pas soignée très vite, des complications bactériennes peuvent apparaître et entraîner une pneumonie potentiellement mortelle pour le chat, surtout s’il est très jeune. La présence d’une infection bactérienne sera notamment suspectée si, quand le chat éternue, des sécrétions purulentes sont évacuées par le nez.
Causes fréquentes d’éternuements chroniques
Infections bactériennes chroniques
Lorsque des bactéries se développent dans les sinus, le nasopharynx, l’oreille moyenne ou même au niveau des racines dentaires (qui communiquent avec les sinus), elles peuvent être à l’origine d’une infection évoluant à bas bruit et déclencher des éternuements sur un mode chronique. Une toux est souvent associée aux éternuements chroniques.
Une fois la source de l’infection identifiée, le vétérinaire devra éventuellement effectuer un curetage et un drainage des zones infectées pour éviter les récidives.
Parasites de l’appareil respiratoire
Les parasites internes ne logent pas tous dans le tube digestif ! Il existe aussi des vers qui parasitent l’appareil respiratoire. Les éternuments à répétition peuvent être un des symptômes présentés par le chat parasité, en plus d’un écoulement nasal mucopurulent, de la toux, et de difficultés respiratoires. Tous ces signes sont évocateurs de bronchite et/ou de pneumonie.
« Le ver pulmonaire du chat » le plus fréquent s’appelle Aelurostrongylus abstrusus et il est responsable d’une maladie nommée l’aelurostrongylose. Cette maladie se développe actuellement rapidement en Europe.
Polypes et tumeurs
Polypes et tumeurs nasaux sont parfois responsables d’éternuments.
Un polype nasopharyngé est presque exclusivement observé chez les jeunes chats. C’est une tumeur bénigne rare qui se présente comme une masse pédiculée issue de la muqueuse de la trompe auditive (ou trompe d’Eustache), du nasopharynx ou de l’oreille moyenne, et qui s’étend ensuite au nasopharynx. Ce type de polype peut soit résulter d’une inflammation chronique, soit être une affection congénitale.
Des tumeurs malignes se développent parfois aussi dans les cavités nasales, mais ce sont les chats âgés qui sont touchés. Pour déterminer la nature de la tumeur et faire un pronostic, le vétérinaire devra faire un prélèvement et l’envoyer au laboratoire pour analyse.
Rhinite chronique
Une rhinite chronique favorise l’accumulation de mucus et de débris dans les cavités nasales et peut donc entrainer des éternuements.
Les rhinites chroniques peuvent être initialement déclenchées par une multitude de maladies sous-jacentes. L’inflammation, lorsqu’elle se prolonge, peut entraîner la destruction des cornets nasaux et un rétrécissement des narines (ou sténose des narines). Ces malformations anatomiques sont parfois présentes dès la naissance du chat : un traitement chirurgical peut alors être proposé.
Lorsque l’origine du problème n’est pas identifiée, on parle de syndrome obstructif des voies respiratoires supérieures. La rhinite chronique peut être améliorée avec un certain nombre de traitements mais la guérison permanente est peu probable.
Si votre chat éternue de manière occasionnelle et qu’il n’a pas de problèmes de santé, surveillez-le pendant quelques jours et cherchez une cause possible de ses éternuements dans son environnement. Si les éternuements persistent ou que votre chat présente d’autre symptômes, consultez votre vétérinaire dès que possible.
FAQ
Pour trouver la cause de la rhinite à l’origine des éternuments, plusieurs types d’examens peuvent être envisagés : biopsie dans les cavités nasales, imagerie (rhinoscopie, radiographie, scanner, IRM…). Des tests PCR peuvent aussi être utiles pour confirmer une cause infectieuse.
Avec un traitement symptomatique et des antibiotiques pour lutter contre les infections opportunistes, la plupart des chatons guérissent du coryza en 10 à 15 jours. En plus du traitement médical, les soins d’hygiène sont très importants : il faut nettoyer très régulièrement les yeux et les narines du chat, afin d’éviter la formation de croûtes et faciliter la respiration. Les chatons sévèrement touchés par un épisode de coryza gardent cependant parfois des séquelles respiratoires et oculaires.
Il est très important de vacciner le plus tôt possible les chatons contre le coryza et de ne pas oublier les rappels de vaccination, surtout si le chat a accès à l’extérieur. La primovaccination peut démarrer dès l’âge de 6 à 8 semaines et 3 injections seront réalisées en tout avant l’âge de 16 semaines. Lorsqu’un chaton est déjà en période d’incubation au moment de la vaccination, celle-ci n’empêchera pas l’infection mais l’intensité et la durée des symptômes de la maladie pourront être réduites.
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