Plus de risques de démodécie canine chez certains chiens
La démodécie canine évolue à la faveur d’une faiblesse du système immunitaire, souvent due à des facteurs génétiques. Cette maladie est aussi appelée la gale démodécique.
On a coutume de distinguer la démodécie du chien adulte de la démodécie juvénile, qui affecte les chiens de moins de 2 ans, mais des facteurs immunitaires sont en cause dans tous les cas.
Les Demodex sont des parasites du pelage
Les Demodex sont des acariens fréquemment observés chez de nombreux mammifères, dont l’homme et le chien. Ils sont invisibles à l’œil nu car ils mesurent moins de 0,3 mm de long. Ces parasites se nourrissent du sébum produit par les glandes cutanées.
Les Demodex sont peu mobiles : ils ne quittent le follicule pileux que pour en envahir d’autres à côté et ils ne survivent pas dans le milieu extérieur, ce qui explique la faible contagiosité de la maladie.
Une maladie très peu contagieuse
Lorsqu’une chienne allaitante est porteuse de Demodex, la contamination des chiots a en général lieu au cours de leurs premiers jours de vie, lors du contact avec les mamelles. Les acariens s’installent d’abord sur la face, puis colonisent progressivement le reste du corps. Les chiots de la même portée se transmettent les parasites entre eux.
Chez les chiens adultes, la transmission des Demodex a aussi lieu par contact direct mais leurs défenses naturelles sont en général suffisantes pour limiter le développement des parasites. De nombreux chiens sont d’ailleurs porteurs de Demodex sans présenter de signes cutanés particuliers.
Mise en évidence des Demodex
Le vétérinaire pourra rechercher des Demodex s’il observe des lésions cutanées chez un jeune chien, surtout si les parents ou d’autres chiots de la portée présentent des lésions similaires.
Pour mettre en évidence les Demodex, le vétérinaire doit réaliser des raclages cutanés de la peau et observer les prélèvements au microscope. Il est parfois nécessaire d’effectuer des prélèvements plus profonds (des biopsies cutanées) pour confirmer une démodécie.
Quand penser à la démodécie ?
La démodécie ne se déclare que lorsque les parasites, normalement en petit nombre, se multiplient et provoquent des lésions. L’immaturité du système immunitaire des chiots facilite le développement des Demodex et environ 80 % des cas de démodécie canine sont observés chez des chiens de moins de 2 ans. La démodécie devient rare après l’âge de 3 ans.
Les races les plus à risque
Le risque de démodécie canine serait deux fois plus important chez les chiots à poil ras que chez ceux à poil long. C’est particulièrement vrai si le chien a la peau grasse à cause d’une séborrhée chronique et des plis cutanés. C’est chez l’american staffordshire terrier que le risque de démodécie juvénile est reconnu le plus élevé aujourd’hui. Par ordre de risque décroissant, on peut aussi citer le bull terrier, le shar-peï, les bouledogues français et anglais, le boxer, le dogue allemand, le boston terrier, le pinscher nain, le jack russel terrier et le carlin.
Des lésions en général localisées
Chez les chiens à poil court ou ras, il est classique d’observer seulement l’apparition de trois ou quatre zones rondes où les poils tombent, laissant apparaître la peau rouge.
Dans la plupart des cas, les lésions restent localisées à la face et la tête : typiquement, elles apparaissent autour des yeux (d’où l’expression de « lunettes démodéciques »), des babines et aux extrémités des membres antérieurs. On trouve également des Demodex dans les conduits auditifs et dans les glandes des paupières.
Les lésions s’étendent parfois aux membres antérieurs, au tronc et plus rarement aux postérieurs.
Des formes particulières dans certaines races
La démodécie peut prendre des formes différentes selon les races.
Un pelage plein de « pellicules »
Cette forme diffuse de démodécie se caractérise par une desquamation de l’ensemble de la peau, sans perte importante de poils. Cela est surtout observé chez le scottish terrier et le westie.
Des « points noirs » nombreux
Chez le carlin surtout mais aussi le berger des Pyrénées et le yorkshire terrier, la démodécie s’accompagne du développement de nombreux comédons, soit des amas de sébum avec un point noir au milieu.
Des « manchons » pilaires
Ces manchons sont constitués de sécrétions agglomérées à la base des poils, donnant un aspect sale au pelage. Ils sont principalement rencontrés chez le bobtail et le lévrier afghan.
Des pustules
Une infection bactérienne peut compliquer les lésions de démodécie : apparaissent alors des pustules blanches ou violacées. Chez le mâtin de Naples, il existe même une forme où les lésions cutanées sont hémorragiques. La peau s’épaissit et la suppuration peut s’accompagner de fièvre.
Une généralisation est possible
La démodécie canine peut évoluer vers une forme généralisée, où les lésions cutanées se multiplient et s’étendent à l’ensemble du corps. L’état général du chien est alors profondément altéré. Cette évolution peut apparaître aussi bien chez le chiot que chez l’adulte ; elle traduit généralement un problème immunitaire dont l’origine peut être une prédisposition génétique.
Les caniches sont en général épargnés par la démodécie juvénile mais une forme de démodécie généralisée est décrite chez les chiens adultes de cette race.
On distingue souvent la « démodécie sèche » de la « démodécie suppurée » mais la seconde fait en général suite à la première, lorsque l’affection se complique d’une infection cutanée bactérienne.
Une maladie longue à traiter
Chez les chiots présentant une forme bénigne de démodécie, la guérison intervient en général spontanément en 6 à 8 semaines, le temps que les défenses immunitaires du chiot deviennent efficaces. Le vétérinaire pourra cependant proposer de traiter le chiot dès les premiers symptômes pour éviter le développement d’une démodécie généralisée. La plupart des chiots ayant souffert de démodécie juvénile ne présentent pas de récidives à l’âge adulte.
Attendre que les Demodex disparaissent
Chez un chien adulte ou lors de forme généralisée, un traitement médical est indispensable. Grâce aux médicaments acaricides récemment apparus sur le marché (de la famille des isoxazolines), la prise en charge des chiens démodéciques est beaucoup plus facile qu’autrefois car l’administration peut se faire par voie orale et pas seulement cutanée.
Le traitement de la démodécie canine dure néanmoins plusieurs mois car, même si les symptômes s’atténuent, il faut continuer à traiter jusqu’à la disparition des Demodex dans les follicules pileux. Des examens vétérinaires doivent donc être réalisés pendant et après le traitement, pour contrôler l’évolution parasitaire. Le chien est vraiment considéré comme guéri quand il est toujours indemne de la maladie, 12 mois après l’arrêt du traitement.
Il n’est pas nécessaire de traiter l’environnement ou les autres animaux de la maison car ce n’est pas une dermatose contagieuse.
Une maladie à composante immunitaire
Le développement du parasite Demodex canis dans la peau résulte d’un affaiblissement anormal des défenses immunitaires du chien. A cause de la prévalence élevée de la démodécie dans certaines races et de prédispositions connues au sein de lignées bien identifiées, une composante héréditaire est fortement probable.
Outre ces prédispositions génétiques, de nombreux facteurs peuvent perturber l’immunité et faciliter la multiplication des Demodex. Parmi les facteurs favorisant la maladie, la présence d’une maladie générale sous-jacente (hypothyroïdie, maladie à médiation immunitaire, cancer, leishmaniose…) joue un rôle important. Une chimiothérapie ou l’administration de médicaments anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs peuvent aussi être des éléments déclenchant la démodécie. Le risque est par exemple multiplié par 6 chez les chiens souffrant d’allergie cutanée et recevant des corticoïdes.
Face à un chien démodécique, le vétérinaire proposera donc de procéder à un bilan de santé complet du chien. Traiter les autres maladies présentes est indispensable pour obtenir la guérison de la démodécie.
FAQ
Il est communément admis que la plupart des chiens hébergent des Demodex dans leur peau sans pour autant développer une démodécie. Des études ont en effet confirmé que le parasite est bien présent chez les chiens sains, mais en très faible quantité. Il faut multiplier les prélèvements pour mettre le parasite en évidence.
Puisque la démodécie se transmet de la mère aux chiots et qu’une composante génétique est fortement suspectée, il est important d’éliminer les lignées d’animaux porteuses de la reproduction, qu’ils soient sains ou malades, mâles ou femelles.
Certaines chiennes sont connues pour engendrer des lignées de chiots démodéciques : il est donc recommandé de ne plus faire reproduire les chiennes dont les chiots ont développé une démodécie. Ce critère de sélection a d’ailleurs fait diminuer l’incidence de la démodécie en élevage canin.
Plusieurs races à poil long figurent aussi dans la liste des races à risque de démodécie juvénile : c’est le cas du border collie, du cocker spaniel, du westie, du yorkshire terrier… En ce qui concerne la démodécie des chiens adultes, les races prédisposées incluent le fox terrier à poil dur, le lassa apso, le shiba inu, le shih tzu, et le westie.
La démodécie est surtout observée dans certaines lignées de chiens qui souffrent d’une déficience immunitaire héréditaire, et les prédispositions raciales évoluent selon les politiques de sélection des chiens dans les différents pays.
Pour en savoir plus :
- Démodécie – Demodex (source ESCCAP)
- Démodécie du chien : symptômes et traitements (source conseilsvéto.com)