Quand les glandes surrénales du chien se dérèglent…
La maladie de Cushing est liée à un dérèglement des glandes surrénales, entraînant une production excessive de cortisol, une hormone très importante dans l’organisme. Cette maladie, qui survient surtout chez des chiens d’âge moyen ou âgés, est aussi qualifiée d’hypercorticisme spontané ou d’hyperadrénocorticisme. Le diagnostic a lieu en moyenne vers l’âge de 10 ans et les femelles sont plus touchées que les mâles par la maladie de Cushing.
Quelles sont les causes de la maladie de Cushing chez le chien ?
Dans la plupart des cas, la maladie de Cushing est d’origine hypophysaire, bien qu’une tumeur des glandes surrénales puisse parfois être mise en évidence.
Tumeur hypophysaire
Lorsqu’une tumeur se développe dans l’hypophyse, elle est souvent responsable de l’augmentation de la sécrétion d’une hormone hypophysaire (l’ACTH), qui « force » les surrénales à synthétiser du cortisol en excès.
Maladie de Cushing ou syndrome de Cushing ?
Il ne faut pas confondre la maladie de Cushing (qui se développe spontanément) avec le syndrome de Cushing : ce dernier entraîne les mêmes symptômes mais la cause est à rechercher ailleurs. Chez le chien, il s’agit la plupart du temps des conséquences d’un traitement trop prolongé ou administré à mauvais escient avec des médicaments anti-inflammatoires agissant sur les glandes surrénales, les glucocorticoïdes (dont la cortisone est un exemple). On parle alors d’un hypercorticisme iatrogène.
Ce problème peut également être rencontré chez le chat.
Quand suspecter une maladie de Cushing chez un chien ?
La maladie de Cushing peut provoquer de très nombreux symptômes chez le chien : des modifications de la peau et de la silhouette du chien, un appétit augmenté, une augmentation de la soif et de la fréquence des mictions… Si votre chien entre dans l’âge mûr et qu’il présente l’un des symptômes suivants, n’hésitez pas à en parlez votre vétérinaire.
Lésions cutanées
Des problèmes cutanés sont fréquents et ils sont même parfois les seuls symptômes apparents de la maladie de Cushing 1.
L’amincissement de la peau et la perte de poils sur l’ensemble du tronc (de manière symétrique) figurent parmi les signes les plus caractéristiques. En regardant de près, on peut aussi observer l’apparition de comédons, d’une pigmentation anormale de la peau par endroits et surtout de plaques qui « crissent » sous les doigts ; ce phénomène est lié à un dépôt de calcium sous la peau, et on appelle cela la « calcinose ». Des vergetures sur l’abdomen sont également fréquentes.
En général, le chien ne se gratte pas mais il est enclin à souffrir d’infections cutanées qui elles peuvent être responsables de démangeaisons. Ces infections cutanées sont souvent difficiles à soigner par les traitements classiques ; en cas d’échec répété du traitement des problèmes cutanés, votre vétérinaire pourra vous proposer de réaliser des tests diagnostiques visant à rechercher une éventuelle maladie de Cushing.
Symptômes généraux
Un Cushing s’accompagne en général d’un cortège de symptômes dont l’association permet au vétérinaire de suspecter fortement la maladie (ou le syndrome).
Modifications de l’appétit et de l’abreuvement
Les trois quarts des chiens atteints d’une maladie de Cushing ont un appétit très augmenté ; ils boivent et ils urinent aussi plus souvent que d’habitude. On appelle cela la polyuro-polydipsie. Ces signes sont également évocateurs de diabète sucré et les deux maladies peuvent d’ailleurs parfois être associées.
Modifications de la silhouette et de la tonicité musculaire
Un chien atteint de Cushing présente souvent une distension de l’abdomen ; on parle d’abdomen « pendulaire ». Une fonte musculaire apparaît plus rarement et elle est alors surtout visible au niveau temporal.
Une laxité ligamentaire peut apparaître, occasionnant parfois des ruptures de ligaments.
Chez le caniche (en particulier le caniche abricot), la maladie de Cushing s’accompagne fréquemment d’une raideur des postérieurs ; c’est un signe assez caractéristique de la maladie de Cushing dans cette race.
Quels sont les chiens les plus souvent atteints par la maladie de Cushing ?
Des prédispositions sexuelles et raciales sont notées concernant la maladie de Cushing.
Prédispositions sexuelles
Le risque de Cushing est beaucoup plus élevé chez les femelles, en particulier si elles sont stérilisées. Dans les deux sexes, la stérilisation multiple le risque de Cushing par 2,5 environ 2.
Prédispositions raciales
Certaines races sont connues pour souffrir plus souvent de la maladie de Cushing que d’autres : le schnauzer en priorité mais aussi, par ordre de risque décroissant : le fox terrier, l’épagneul cavalier king charles, le boxer, le shih tzu, le bichon bolonais, les terriers de type bull, le jack russell terrier, le bichon maltais, le teckel nain, le caniche nain et le yorkshire terrier 2.
Comment faire le diagnostic de la maladie de cushing chez le chien ?
Les symptômes cutanés et généraux ne sont ni spécifiques, ni systématiques. Ils peuvent aussi être dus à d’autres affections endocrines canines. Si votre vétérinaire suspecte une maladie de Cushing chez votre chien, il vous proposera donc probablement de réaliser des examens complémentaires.
Analyses sanguines et urinaires
Plusieurs paramètres sanguins sont modifiés lors de Cushing, comme la glycémie, la cholestérolémie, la triglycéridémie…
La densité urinaire est en général diminuée.
Test de stimulation hormonale
Un premier test consiste à injecter au chien une hormone hypophysaire (l’ACTH) et à observer la sécrétion de cortisol qui en résulte ; une augmentation excessive du cortisol dans le sang est en principe un signe de dérèglement des glandes surrénales. L’interprétation de ce test n’est cependant pas toujours évidente et il existe des résultats faussement négatifs, par exemple lors de tumeur surrénalienne. De plus, certains chiens indemnes de Cushing réagissent excessivement à la stimulation par l’ACTH ; le test est alors faussement positif.
La confirmation du diagnostic doit alors s’appuyer sur d’autres tests hormonaux, plus sensibles.
Echographie
L’examen échographique des glandes surrénales peut aider à identifier la cause d’une maladie de Cushing. Une origine surrénalienne sera suspectée si les images détectent des anomalies des glandes surrénales.
Mesure du taux de cortisol dans les poils
Des études ont montré que la mesure du taux de cortisol dans les poils pourrait devenir une alternative aux tests dynamiques dans le cadre du diagnostic du syndrome de Cushing mais cette technique est rarement mise en œuvre 3.
Comment traiter un chien atteint de la maladie de Cushing ?
Pour le bien-être du chien, il est nécessaire de prendre en charge la maladie de Cushing dès que le diagnostic est confirmé.
Traitement médical
Le traitement de la maladie de Cushing passe par l’administration à vie d’un médicament qui inhibe la synthèse des hormones stéroïdiennes telles que le cortisol. Le médicament le plus souvent prescrit aux chiens s’appelle le trilostane, il est à distribuer en une à deux prises quotidiennes. Pour limiter le risque d’effets secondaires, la dose du médicament sera ajustée en fonction des résultats des tests de stimulation hormonale qui seront répétés régulièrement.
En cas de mauvaise tolérance, d’autres molécules peuvent renforcer l’action du trilostane ou se substituer à lui : c’est par exemple le cas du mitotane. Ce médicament agit surtout sur les conséquences de l’hypercorticisme. Le mitotane représentait le traitement de choix jusque dans les années 2000, avant l’apparition du trilostane.
Traitement chirurgical
Lorsque l’origine hypophysaire de la maladie de Cushing est confirmée, l’ablation de la tumeur (un adénome) responsable du problème peut être proposée. Chez le chien, l’ablation complète de l’hypophyse est parfois réalisée mais cette opération n’est pratiquée que par des chirurgiens expérimentés au sein de centres spécialisés. De nombreux effets secondaires et complications sont malheureusement à craindre.
FAQ
La qualité de vie du chien atteint de Cushing, même s’il est traité médialement, nécessite d’être attentivement surveillée. Pour aider votre vétérinaire à ajuster le traitement, prêtez attention au comportement de votre chien : quantité d’eau bue, fréquence des mictions, appétit, niveau d’activité spontanée… Contrôlez également l’évolution de son poids ainsi que l’aspect de sa peau.
Les deux maladies peuvent entraîner les mêmes symptômes et survenir de manière concomitante : 5 à 10 % des chiens souffrant de Cushing sont diabétiques. Seules des analyses vétérinaires poussées pourront vous dire si votre chien souffre de l’une ou l’autre maladie, ou des deux à la fois. Le pronostic est évidemment moins bon si les deux affections coexistent.
S’il ne faut bien sûr pas utiliser de corticoïdes sans prescription vétérinaire, même par voie locale, ce type de traitement n’est pour autant pas à craindre dans tous les cas ! Votre vétérinaire s’assurera que les corticoïdes sont administrés à la bonne dose et à la bonne fréquence, pour ne pas nuire à la santé du chien. En cas de traitement prolongé avec des corticoïdes, des visites de contrôle sont toujours nécessaires pour surveiller l’apparition potentielle des effets secondaires.
Si la maladie de Cushing n’est pas soignée, l’excès de production de cortisol peut favoriser le développement de multiples affections : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, pancréatite, calculs urinaires, diabète sucré, cystite… Les infections urinaires sont très fréquentes et souvent difficiles à traiter en raison de l’apparition de résistances bactériennes 4.
Sources
- Zur G., et al., “Hyperadrenocorticism in 10 dogs with skin lesions as the only presenting clinical signs”, J. Am. Anim. Hosp. Assoc., 2011, 47 : 419-427.
- Carotenuto G., et al., “Cushing’s syndrome : an epidemiological study based on a canine population of 21 281 dogs”, Open Vet. J., 2019,9, 27-32.
- Corradini S., et al., “Evaluation of hair cortisol in the diagnosis of hypercortisolism in dogs”, J. Vet. Intern. Med., 2013, 27 : 1268-1272.
- Dupont P, et al., “ Urinary tract infections in dogs with spontaneous hypercortisolism : frequency, symptoms and involved pathogens », Schweizer Archiv. für Tierheilkunde, 2020,162 :439-450.
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